Réseau pauvreté

 

LA PAUVRETÉ MÉCONNUE DES PERSONNES HANDICAPÉES

 

1er juin 2007 – Une membre du Réseau pauvreté interroge Maurice sur la disparité des situations économiques des personnes handicapées. Maurice lui répond en lui brossant un tableau de la situation au Québec.

Bonjour Maurice,

Toi qui travailles sur la pauvreté des personnes handicapées peux-tu m’indiquer si une personne ayant eu un accident quelconque a le même revenu que celui qui est handicapé de naissance.

J’imagine que non, mais selon tes évaluations, peux-tu me dire l’écart qu’il y a entre les deux? Je ne travaille pas sur le sujet dans le seul but de faire une recherche, mais pour prouver que les personnes à mobilité réduite sont dans la pauvreté – et peut-être certaines plus que d’autres – sans toutefois faire de la discrimination.

J’aimerais avoir un portrait de la situation et prouver par mon réseau qu’il y a un manque de sous quelque part. J’ai trouvé sur le site de l’OPHQ les renseignements sur le nombre de personnes handicapées au Québec, mais j’aimerais avoir des données au niveau des revenus.

Dans mon cas, j’ai le même montant et peut-être un petit peu plus, pas parce que je suis en appartement, mais parce que j’ai un peu plus d’une année à l’autre sans jamais avoir assez pour être à l’aise financièrement. En janvier, j’ai eu environ 20 $ de plus par mois, mais quand ton loyer augmente et que tout le coût de la vie augmente, tu reviens à ta situation d’avant. Alors, rien n’a changé.

Si tu as des données qui pourraient m’être utiles, peux-tu me les envoyer svp?

Merci!

Carole

 

Bonjour Carole,

Je vais faire ici un peu d’histoire.

En 1981, année internationale des personnes handicapées, le gouvernement fédéral a eu à étudier un projet de loi qui devait créer un régime d’assurance-handicap. Ce projet de loi a été abandonné.

Trois ans plus tard, le gouvernement du Québec reprend le projet. Il le rejette à son tour.

Par contre, des pays comme la Suède et la Finlande se sont dotés, ces années-là, d’une assurance-handicap. Cela veut dire qu’à partir de la naissance, les personnes handicapées sont prises en charge par l’État. Quel que soit leur handicap ou quelle que soit la source de leur handicap.

Donc ici, le manque de ressources a PROVOQUÉ LA CRÉATION D’ASSURANCES COLLECTIVES : la CSST et la SAAQ. Les employeurs paient des primes sur la masse salariale de leurs employés et les automobilistes cotisent à un régime d’assurances public.

Ceux qui ne contribuent pas à ces assurances collectives n’y ont pas droit. Le seul programme de l’État auquel ils peuvent avoir recours est celui de la Sécurité du revenu.

Les assurances collectives gérées par la CSST et la SAAQ sont plus généreuses lorsque la personne peut démontrer qu’elle y a droit. Ces assurances collectives ne visent pas le retour à l’emploi et le revenu de dernier recours.

Une personne qui devient handicapée à la suite d’un accident de travail ou d’automobile aura droit à 90 % de son salaire, à de l’aide immédiate pour sa réadaptation, l’adaptation de sa maison et celle de son véhicule.

Au contraire, la personne handicapée de naissance ou à la suite d’autres circonstances qui fait appel au programme de la Sécurité du revenu recevra à peine 62 % du salaire minimum, passera après les accidentés de la route dans les programmes de réadaptation et attendra 6 ans pour faire financer l’adaptation de sa maison.

Maurice Richard

 

Les personnes intéressées à se joindre au Réseau pauvreté peuvent communiquer avec Maurice Richard à cette adresse : [email protected].

Elles peuvent aussi exprimer une opinion sur le forum de Handi-capable : http://www.handi-capable.net/forum/index.php.